Après avoir entendu une partie du discours de Sarkozy, je ne peux m’empêcher d’y répondre à ma façon. Une fois n’est pas coutume…
Par où commencer ? Peut-être par ce qui tient lieu d’évidence. Sarkozy a tenu sa promesse, celle qui concerne l’augmentation du pouvoir d’achat, son pouvoir d’achat. Effectivement, souvenez-vous que l’une de ses premières actions, quelques mois seulement après son élection, a été d’augmenter ses revenus. Pour les autres, il y a encore beaucoup de travail à faire… il montre l’exemple.
Dans ce cas comme dans bien d’autres, ce qui est le plus troublant, est l’aveuglement de son électorat. Certes, Sarkozy a baissé dans les sondages mais ce dernier sait que les électeurs ont la mémoire courte et l’opinion volage… J’ai même été dérangé, à l’époque, de voir à quelle vitesse la presse comme son électorat a pu se retourner contre lui. Depuis, de l’eau est passée sous les ponts.
Nous pouvons constater, discours filmé à l’appui, qu’il dit une chose, et en fait une autre.
Des exemples de contradictions entre son discours et ses actes, nous pouvons en relever des tonnes. Mais Sarkozy, et on ne peut que le reconnaître, est très fort en termes de stratégie politicienne et pour manipuler l’opinion. C’est un vrai dirigeant populiste. Et là exactement, réside le danger. Qui croit réellement qu’il fasse passer le bien de la France avant ses propres intérêts, qui imagine qu’une abnégation guide ses pas, qui encore, oserait dire qu’il n’est pas obnubilé par le pouvoir et le besoin de se mettre en avant. Il révèle une faille psychologique que même un apprenti psychologue pourrait définir, de quoi séparer deux continents… Il est dans la même veine politico sociale que Berlusconi et, connaît, en moins puissant, un même processus d’adhésion incompréhensible.
Le déclencheur de ce billet d’humeur est son dernier discours. Autant dire que ce qui me sidère est qu’il y ait encore des personnes à croire en ses bonnes intentions. Sarkozy nage dans le bonheur. La crise, il l’a dit directement ou indirectement à plusieurs reprises, est pour lui du pain béni. Il ne pouvait rêver mieux, sinon une guerre peut-être (G. W Bush en avait tiré son parti). Il peut ainsi renforcer son pouvoir et son influence en le justifiant par une situation exceptionnelle. Ce qui est « amusant », c’est qu’il avoue aujourd’hui s’être mépris sur les valeurs politiques auxquelles il adhérait et pour lesquelles il a été élu. Il trouve néanmoins le moyen de mettre tout le monde dans le même panier. Il généralise ses erreurs pour ne pas à avoir à les assumer. Il oublie que des courants alternatifs ont, depuis toujours, proposés d’abandonner le système économique libéral qui est le sien. Personnellement, combien de fois ai-je pu entendre l’écueil suivant « le système actuel (le capitalisme) est le meilleur, la preuve en est, il domine et guide l’humanité (…). De toute façon, il n’y en a pas d’autre ! ». A croire que l’homme avait atteint le summum de son évolution et les limites de son imagination.
Mais non seulement cette débandade ne le démonte pas mais aujourd’hui, Sarkozy appelle à une révolution des pensées ! Il estime donc avoir la bonne parole et devoir la transmettre tel un messie… Mais rassurez vous, vous ne devrez pas vous faire lobotomiser afin de vous formatez à son modèle unique. Il faut traduire cela par d’autres changements lui apportant encore plus de pouvoir et encore plus de main mise sur notre société. Quel besoin aura-t-il d’avoir notre adhésion totale quand les recours en opposition seront neutralisés (Vous remarquerez que le travail est déjà bien entamé, donc certes, mon mot arrive après la bataille).
Le changement de mentalité se fait qu’il le veuille ou non, mais pas forcément d’une manière qui le conforte dans sa position. Il prend donc ses devants. Si vous trouvez cette analyse paranoïaque, regardez ce qui c’est fait en deux ans de présidence. Vous verrez que les changements concrets ne concernent nullement, et loin de là, des améliorations des conditions de vie (sinon, encore une fois, la sienne et celle de ses « proches » aux poches déjà pleines). Tout ce qui a été réellement développé concerne des points qui renforcent son statut de président, qui protègent ses arrières et enfin qui préparent « son » futur. Que ceux qui ont des exemples contraires autres que des pis-aller (prime à la casse, 150 euro au ménage défavorisés,…) me donnent des exemples et des témoignages de ceux qui en ont profité. Aucun bouleversement pour ce qui est des aspects sociaux malgré des discours qui s’appuient toujours sur des notions d’égalité et de justice.
Dans ce dernier discours, il donne les grandes lignes de sa politique mais, comme tous les communicants le savent, ce qui est aussi important, sinon plus, que le fond, c’est la forme. Il s’est assuré une écoute dans un cadre prestigieux dans des conditions extraordinaires puisque historiques, ensuite, il n’avait plus qu’à mettre son talent de plaideur en avant.
La plupart de ceux qui adhèrent à son discours se laisse embarquer par son énergie et sa force de conviction indiscutable. La plupart, au même titre que Sarkozy, pensent à leurs propres intérêts. On adhère par sécurité. On veut être rassuré, caressé dans le sens du poil quitte à perdre un peu plus, à chaque fois, en liberté. On entend ce que l’on veut entendre. L’état n’est plus le garant d’une égalité, d’une fraternité ou d’une justice mais d’une force de sécurité, d’une protection imaginaire… Nous devrions faire la révolution dans nos pensées mais ce qui pousse à croire en Sarkozy sont les valeurs mêmes qui ont mis en faillite la société actuelle : protéger ses biens, conserver des pseudo valeurs, libérer l’économie… Le sens de la modernité et du progrès doit avoir une définition particulière pour eux.
Cette schizophrénie est flagrante et pourtant, elle est acceptée !
Aujourd’hui, la droite Sarkozyste appelle à l’unité nationale, et place ainsi ceux qui n’adhèrent pas à leur vision du monde comme des irresponsables, des personnes qui seraient, en cas d’échec, les responsables idéaux… De même, il est plus que probable que l’emprunt évoqué par Sarkozy soit fait auprès des français ce qui, politiquement et tactiquement (socialement c’est beaucoup moins sûr), est très fort. S’il obtient le crédit suffisant, les français marquent une adhésion totale à sa politique et, il devient légitime pour mener sa guerre personnelle. S’il ne l’obtient pas, il se place en victime et trouve, par là, des coupables idéaux à l’échec (nous-même) de sa politique. Quoi qu’il en soit il rebondit et finira pas faire ce qu’il veut comme à chaque fois.
Je m’arrêterai là. Je ne suis pas politologue et je n’ai pas la prétention ni la volonté de l’être. Pourtant, ce mensonge soutenu collectivement a tendance à me déconcerter. Un aveuglement consenti tant que son intérêt reste visible. De plus, je ne mets pas Sarkozy en balance avec un autre courrant politique. Le débat n’est pas là. Nous avons un président rongé par les ambitions et qui est prêt à tout pour marquer son histoire et celle de la France. Sincèrement, un peu de sagesse nous serait bien utile. Je rêve d’un président qui s’efface pour laisser place à l’efficacité et au vrai travail hors champs et sans maquillage… S’agiter et briller ne fait pas avancer. Hélas, il est probable que l’homme le plus à propos pour devenir un président digne de ce nom (qui reste à découvrir) ne soit, par définition, pas attiré par cette fonction car dénué d’ambitions personnelles…