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5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 15:32

Avant tout, pour une raison que vous comprendrez (peut-être) en fin de lecture, je vous propose un reflets de ce que je suis : quarantenaire ayant eu « sa » famille « idéale », « sa » maison « idéale », « ses » chats « idéaux », « son » travail «idéal », (etc.), et qui aujourd’hui entame « une nouvelle vie » plongé dans des conditions différentes et qui aspire à un « nouvel idéal » ! Maintenant, je vous laisse découvrir les réflexions qui ne sont ne sont rien de plus que la libre expression de ce quarantenaire sur le thème de « l’image de soi ».

Il arrive que je me regarde avec sévérité, ou du moins, que je regarde certains de mes comportements avec une certaine amertume. C’est une chose que de donner à voir, à paraître, mais c’en est une toute autre que de connaître l’être que l’on est vraiment. Une situation, une personne, une action interagissent avec nos comportements, avec nos émotions et avec ce que nous ressentons de nous-mêmes. De là, peut naitre une « image* », un regard que nous portons sur ce que nous croyons être et sur ce que nous croyons projeter vers autrui.

Quelle est donc cette « image mentale », cet autoportrait spontané que j’observe, qui fait de moi mon propre juge ? Un jugement construit devant un idéal, une image parfaite qui sous-tend nombre de mes choix et de mes actions. Mais cette image parfaite nous montre-t-elle vraiment le chemin à suivre, celui qui nous correspond ? A-t-elle un sens, une utilité quelconque ou est-elle simplement le fruit d’un égo narcissique et aliénant ?

De fait, nous pouvons être juge de ce que nous ressentons de nous-mêmes, un reflet qui nous montre sous un jour flatteur parfois, décevant d’autres fois. Nous recevons l’image positive d’un être qui maîtrise la situation, image sereine et forte d’un individu équilibré, ou l’image trouble d’un individu peu ou trop sûr de lui, trop ceci, pas assez cela… Ce ne sont que des ressentis, une perception que nous avons de nous-mêmes, un « spectre mental » qui nait d’un « réflexe psychique ». Que cette image soit juste ou non n’a aucune importance. Pour nous, elle existe et elle influe sur notre humeur et sur notre énergie. Elle peut nous pousser à des actions bouleversantes allant de l’acte « héroïque » ou « humoristique » en passant par des actes « humiliants » et parfois, pour aller jusqu’à celui irréversible du suicide… Les effets sont donc bien réels. Nous pouvons être littéralement hantés par cette image. Une image devenant le « démon » incarnant notre possession !

Angélique ou démoniaque, cette image peut nous être utile. Certes, elle semble parfois peser et nous accompagner comme un parfum plus ou moins puissant et entêtant avant de disparaître comme elle était venue. Mais elle laisse une emprunte qui révèle ce qui nous compose de l’intérieur. Elle se crée en réponse à des sentiments, des tempéraments. Toute fragrance a son origine ! Nos composants psychiques réagissent à ce qui se propose dans l’instant. Par exemple, si une timidité vous habite, il est fréquent que certaines situations provoquent chez vous un état de malaise. Vous ne maîtrisez plus tout à fait vos dires et vos gestes. Vous êtes « à côté de vos pompes » ! La timidité agit sur votre expression et sur les réponses exprimées par le corps et l’esprit. L’image que vous aurez alors de vous même sera fatalement peu positive et vous vous verrez comme maladroit, ou parfois arrogant, voir agressif (car les réactions d’un timide ne sont pas systématiquement dans la réserve assez paradoxalement). Dans tous les cas, cette image ne sera pas celle que vous voudriez percevoir et transmettre. Vous êtes au final en colère contre vous-même ou simplement déçu. Vous vous sentez dépossédé d’une part de vous-même !

Cette image qui se révèle se prête donc au jugement. Nous voudrions tous ressembler à l’image idéale de l’être « accompli » qui nous hante. Nous vivons tous avec un schéma plus ou moins précis qui dessine celui que nous voudrions incarner. Celui que nous ne serons jamais… Et c’est tant mieux ! Cet idéal est dicté par une éducation, une enfance, une culture, des rejets, des envies, (etc.) et même s’il diffère chez chacun, il peut y avoir de fortes similitudes entre nos idéaux. D’où la construction par exemple de « clans », de « modes », de « guildes », ou tout ce qui me renvoie à une image qui me lie à un groupe dans lequel je veux me reconnaître (consciemment ou non). Une image qui oriente une partie de notre morale, de nos valeurs et de nos choix de vie. Un image à notre mesure qui devient « notre vérité ». Une image «partagée » et rassurante. Tellement rassurante, qu’elle sert parfois nos peurs en stigmatisant ceux qui n’entrent pas dans le cadre de cette « image idéale ». Elle peut pousser à des réactions extrêmes et terribles dont certaines ont marqué l’Histoire des périodes les plus noirs. Ne sommes-nous pas d’ailleurs sur le fil d’une telle période ?…

Cette image idéale, celle qui me sert « d’étalon », n’est pas « moi » par définition ! Et vouloir l’atteindre est tout simplement prendre une direction programmée, rouler en automatique avec GPS intégré... Par contre, nous sommes cet être timide ou colérique ou gentil ou nerveux ou jaloux ou de tout autre tempérament. Plus exactement, ce tempérament appartient à ce que nous sommes, à notre « psycho-histoire » - un timide pourra d’ailleurs être apprécié aussi pour sa timidité - mais ce tempérament n’est pas, et heureusement, TOUT ce que nous sommes et encore moins « le fond » de ce que nous sommes. Il est lui-même le résultat d’un conditionnement psychique logé dans une strate plus profonde.

Cette image idéale anime ceux qui courent après la célébrité, la richesse, le pouvoir ou simplement une vie de famille dite « équilibrée ». Atteindre cette image idéalisée apparaît comme une promesse de bonheur. Elle se nourrit de l’importance que nous lui donnons et nous éloigne d’autant plus de ce que nous sommes « en profondeur ». De ce fait, plus nous courrons vers cette image, plus elle se renforce. Plus elle se renforce et moins nous pouvons trouver qui nous sommes vraiment, quel homme libre nous serions sans elle. Inversement, plus nous sommes proches de notre chemin, de notre « être libre », moins cette image est présente. Elle peut être potentiellement maitrisée, utilisée, voire même absente pour ceux qui se seraient libérés de tout conditionnement. Je pense que ces derniers sont rares, très rares, si jamais ils existent... En quelque sorte, cette image idéale est ce qui forme notre « petit égo » (enveloppe, vagues de surface), le grand Ego serait notre être au delà de tout conditionnement (une forme de « Vide Essentiel » qui nous connecte à un infini contenu dans le fini !).

Néanmoins, et j’y reviens, l’image que nous avons de nous même est un outil formidable pour comprendre ce qui nous anime. Nos « composants psychiques », même s’ils peuvent être très ancrés, ne sont pas insurmontables. Un timide peut dépasser sa timidité et l’image de lui-même qui en découle se modifiera progressivement jusqu'à disparaître dans le meilleur des cas. Il aura alors dépassé sa timidité et son conditionnement. Ou encore, une personne colérique peut s’en vouloir de s’être emporté pour une broutille, mais s’il observe cette image de lui et sa colère, il pourra la dépasser et en chercher l’origine. L’objet qui l’a déclenché, n’est qu’un détonateur et non la raison profonde de la colère exprimée. Outre la relativité qu’elle permet de donner à une dispute, cette observation nous permet de reconnaître nos conditionnements et nos réactions. Nous pouvons alors désamorcer le processus. Mais pour dépasser une colère par exemple, il ne suffit pas de le vouloir, il faut trouver les outils qui nous aident dans cette démarche.

Pour ma part, je pense que la méditation, différents arts martiaux ou énergétiques mais aussi la pratique artistique sont des disciplines merveilleuses pour nous y aider. En déverrouillant les conditionnements physiques grâce à certaines techniques, on aide le psychisme à retrouver le contrôle du « véhicule »… Si la méditation a cette faculté de nous aider à prendre le recul indispensable à l’observation, la pratique artistique à cette particularité d’exprimer des changements qui n’ont pas encore d’existence pour le conscient et qui dépasse notre compréhension « logique » et « limitée » (par cette logique même). L’art a l’autre avantage de « dissoudre » les « images programmées » que nous partageons au sein d’une culture. C’est pour ces raisons que la poésie, le roman ou la peinture seront toujours plus pertinents que tous les essais, ou même que les textes scientifiques les plus précis qui soient. La vrai « créativité » est l’expression directe d’une ouverture sur l’infini contenu dans le présent (« l’instant est atome de l’éternité » Kierkegaard) et à ce qui vient de loin, loin de tout « formatage » ! D’ailleurs, dans la Mythologie grecque les poètes étaient plus proches des dieux que les prêtres eux-mêmes…

Ce regard sur nous-mêmes - probablement propre à l’homme - peut donc être pris pour un « outil » de diagnostique tout à fait unique ! Mais avant tout, et point important, il nous faut comprendre que la démarche d’observation en elle-même est essentielle. Soit nous courrons vers l’image idéale évoquée plus haut et nous sommes soumis à un comportement qui ne nous appartient pas, soit nous observons et acceptons ce qui nous compose et nous marchons chaque instant avec notre liberté. Cette marche « consciente » est notre liberté ! « (…) avancer contre le vent, par la force même du vent. » (Alain). Agir pour sa liberté, affronter ses craintes et ses doutes, est la liberté, il n’y en a pas d’autre ! C’est dans ce même esprit par exemple que certains maîtres zen (Dogen entre autres) n’avaient de cesse de dire que « zazen » (la position assise de méditation) est en soi « satori » (éveil). Votre liberté est « ici et maintenant », et elle est étrangement dans la conscience que vous avez de votre conditionnement. C’est-à-dire, ne pas tomber dans la négation des « difficultés » et des « soumissions » qui nous plombent, mais simplement de les « re-connaître ». Ensuite vient le travail de l’alchimiste celui de les transformer en « or » !

Pour cette raison même, il ne faut pas croire qu’être nerveux, timide, colérique ou triste serait la preuve que vous êtes loin de vous-même, loin de votre chemin. Au contraire, ces tempéraments peuvent devenir des supports indispensables à la liberté. L’action même de s’en libérer est la liberté. Sans chaîne, pas de liberté à conquérir, sans liberté à conquérir pas de « combat » à mener, sans « combat » pas de liberté ! La liberté est acte, un acte de présence absolue, et non une idée abstraite.

Imaginez un individu qui n’aurait aucun « défaut » et dont le comportement ne serait induit par aucun conditionnement. De fait, il n’aurait rien à libérer. Ne serait-il pas prisonnier de son état, celui d’être parfait ?! Sans travail sur soi, sans regard sur soi, la notion de liberté n’a aucun sens puisqu’il n’a rien à libérer ! Une notion n’existe que par son « contraire », c’est le fondement même de la philosophie chinoise du yin et du yang. Une phrase m’était venue, il y a bien longtemps quand j’étais étudiant, bercé par un train (j’ai encore « l’image » et le lieu précis de ce moment, étonnant !). Une phrase que j’ai déjà mentionnée à quelques reprises mais qui a du sens ici : « si tout l’univers (le monde) était vert, le vert n’existerait pas ». Il nous est donc nécessaire d’avoir des « chaînes », des conditionnements pour que la notion même de liberté puisse exister ! D’ailleurs, il est dit, toujours par des maitres Zen, que plus grande est l’illusion d’un individu, plus grand peut être son éveil…

Par conséquent, sachons nous détacher de l’image que nous avons de nous-mêmes, qu’elle soit pesante ou enivrante. Acceptons la comme un repère, une information. Elle marque une faculté que nous avons, être notre propre observateur. Le narcissisme positivé et conscient de se voir ! Cette faculté est unique dans la nature. Se regarder soi-même ! N’est-elle pas le fondement même de la conscience humaine ? Ne dit-on pas « l’homme fait à l’IMAGE de dieu » ce qui nous place comme un reflet, une image pouvant aider dieu lui-même à se « connaître » ! Cette expression seule, symboliquement, donne l’importance cruciale de l’image idéale dont nous parlons, une image à l’origine de l’humanité, rien que ça ! Se dessine alors une vertigineuse mise en abîme de cette image que nous observons en écho à l’Image « originelle » ou « universelle »… (Un concept qui n’est pas sans rappeler le « monde des idées » de Platon).

Une image qui peut aussi bien être un maître impitoyable en nous privant de liberté comme elle peut être la source même de notre libération. Un jour nous nous sentirons manipulés et un autre cette image sera révélatrice. Mais sentir cette manipulation est déjà une expression vivante de notre liberté. Sentir ses chaînes pour s’en libérer. « Le tout premier et le plus important pas pour se libérer de la réactivité au stress de toute une vie, est d’être conscient de ce qui se passe dans la réalité au moment où cela se passe. » Dr Jon Kabat-Zinn extrait de « Au cœur de la tourmente, la pleine conscience ». Nous devons commencer par nous accepter tels que nous sommes – sens du fameux lâcher prise - apprécier, « aimer » ce que nous sommes et ce que nous considérons pour des défauts. En les acceptant, nous évitons de les nourrir, de les engraisser. Nous gagnons en « espace vital ». Nous pouvons alors être entier, au delà des peurs et des préconçus. Ce recul et cette vision de soi peuvent être utilisés, et de « manipulé », on peut devenir « manipulateur » de cette image. L’image de soi peut être source d’énergie si elle est positive et forte. Il faut juste ne pas se laisser abuser et la prendre pour ce qu’elle est, une illusion !

Une précision sur l’observateur que nous devenons devant notre image. L’instant est un lieu d’accueil et il nous prend tel que nous sommes (MacDo aussi me direz vous !). Mais en retour, cet instant n’existe vraiment que si nous l’habitons, c’est-à-dire si nous ne sommes pas soumis par une image idéale qui génère des réponses conditionnées, automatisées. Comme je l’ai exprimé plus avant, sans le recul de l’observateur, pas de liberté possible. Mais attention, il ne faudrait pas croire que l’observateur serait en décalage avec l’instant et du coup passerait à côté de lui-même. Un peu comme le photographe peut passer à côté d’un instant de vie en l’immortalisant. S’observer n’est pas s’extraire de soi, bien au contraire. Observer c’est voir, et voir c’est être pleinement. On peut regarder une pomme sans la voir vraiment ; pour la voir, il nous faut être présent ! Ce ne sont ni Cézanne, ni Van Gogh qui me contrediraient (ils ne le peuvent plus !). Il faut donc s’observer avec « l’attention » d’un peintre pour son sujet et avec « l’objectivité » du scientifique pour son expérience.

Enfin, je n’ai parlé que de l’image que nous avons de nous-mêmes mais l’image que nous avons des autres peut être toute aussi aliénante et peut nous priver de la même façon de notre liberté. Le reflexe habituel est d’exclure de notre « sphère » ce qui nous dérange chez les autres et d’y inclure ce qui nous plait. Réflexe qui nous autorise le jugement et le positionnement face à l’autre. N’est-ce pas là, la vraie source du narcissisme que de ne pas voir dans l’image de l’autre son propre reflet ? Il est bon dans ce cas de connaître le phénomène d’un « monde miroir » et d’envisager que tout ce qui nous agace chez l’autre n’est autre que le reflet de nos défauts exprimés ou latents. Même si vous avez à faire à un être ignoble méfiez-vous du jugement que vous lui porterez… Et oui, les pires sentiments comme les meilleurs peuvent être en nous ! Un acteur, pour jouer un sentiment, même terrible, va le chercher en lui. S’il ne le trouve pas, il ne peut le jouer. La valeur de nos jugements devient alors tout autre. Dans ce sens, rejeter l’autre c’est rejeter une part de soi.

Par exemple, il y a peu de temps, j’ai rencontré une personne qui me parlait avec une certaine « condescendance », gentiment par ailleurs, et même avec une sorte de bienveillance, mais avec cette attitude qui le placerait dans un savoir (ou un « avoir ») que je n’ai pas (une attitude issue de préjugés fondés sur ses propres critères d’idéal). Si après coup, l’image de moi-même m’a déplu (sujet de cette réflexion) et m’a renvoyé en pleine face un manque d’assurance dont je peux faire preuve, cette même image qui renvoie à des « complexes » développés pendant l’enfance, cela m’a aussi renvoyé à une attitude que je pouvais adopter, celle de la condescendance ! Et ce bien malgré moi. On devient de la sorte plus indulgent avec l’autre mais aussi avec soi. Il convient, fort de cette compréhension, de se connaître grâce à l’image qu’on se fait de l’autre ! De ce fait, prendre une posture lors d’une rencontre est forcément une imposture. Nous installons des conditions à nos rapports qui faussent ou filtrent les échanges, ou tout au moins nous fait rester dans un jeu social sans grand intérêt (sinon pour nourrir le petit égo et notre image idéale). Les phénomènes actuels de lynchages médiatiques sont une expression poussée des postures de « bien-pensant » mariées à une « image idéale commune ». Hélas, la plupart du temps, c’est souvent une excuse pour décharger une forme de haine (même pour de « bonnes » causes) et un flot de sentiments qui nous submerge… La foule permet de justifier « les pierres » que l’on jette sur l’individu mis en pâture.

Pour conclure sur l’image de soi et des autres, je bouclerai la boucle en mettant en abîme le fait même d’écrire ce texte. Ecrire et partager ses réflexions peut supposer une forme d’arrogance, la posture de celui qui aurait compris quelque chose à quelque chose... Pour moi, il s’agit d’un besoin simple, celui de mettre des pensées au clair tout en prenant plaisir dans cette tentative. Si l’espoir de reconnaissance a pu être une part des motivations à une époque, elle ne l’est réellement plus car fondamentalement, comme l’a dit Platon, « je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien ». Je me sers de l’écrit comme d’un miroir ou plus exactement, je projette mes pensées sur un écran blanc ! Je peux ainsi les observer, les approfondir même s’il y a toujours la frustration de les voir limitées par mes capacités à les exprimer. Et oui, la qualité du vidéoprojecteur a son importance ! Je conçois, voire même je perçois, qu’on peut n’y voir que maladresses, approximations, voir contradictions. D’où la question, pourquoi les diffuser plus largement. Cela fait partie de « l’engagement » de celui qui crée, qui extériorise. On écrit pour partager, d’abord avec soi, puis au-delà de soi... Cela permet d’aller au bout de l’expérience et d’une certaine façon, cette « mise en danger » est aussi une façon d’exprimer sa liberté. La liberté s’exprime au risque de se créer de nouveaux barreaux. Existe-t-il des murs de prisons sans inscriptions ?

Cette démarche m’interroge aussi sur « Votre » propre liberté, celle du lecteur. Nos images mentales influent sur notre réception. Si vous avez parcouru ce texte, vous l’aurez lu avec ce que vous imaginiez de moi, et ce que vous imaginez de vous, avec vos humeurs et vos préconçus. Des filtres ont inévitablement interférés sur votre lecture. Partagez un même yaourt dans un pot noir et dans un pot blanc, et il y a de fortes chances pour que vous trouviez le noir moins bon. Nous sommes conditionnés qu’on le veuille ou non ! C’est d’ailleurs comme cela que j’entends la célèbre citation : « nul n’est prophète dans son pays ». Et « son pays » c’est aussi son for intérieur (se convaincre soi-même est une tâche qui peut s'avérer très difficile)… Voici la raison pour laquelle, pour expérimenter le jeu sur l’image, une présentation vous a été faite en introduction. Bien sûr cette présentation est orientée et très succincte. Elle aurait pu chercher à me « valoriser » pour offrir à ce texte une « Aura » plus crédible. Mais j’ai choisi le « pot noir », je trouvais plus intéressant de me présenter en évoquant ce qui est médiatiquement pris pour un état de faiblesse (famille monoparentale, peu de revenu, pas de propriété, pas de chien ! etc.) car pour moi, il s’agit aussi de la situation qui me permet d’être ce que je suis…

Ces « faiblesses » sont les supports mêmes de ma liberté ! Je ne dis pas que cette situation est simple et mérite d’être reproduite, à chacun sa route, mais elle est le résultat d’un processus de prise de consciences… Et sortir du schéma idéalisé qu’on nous vend dans les médias m’était nécessaire. C’est mon chemin. Ayant eu ce « bonheur » de vivre avec femme, enfants, maison et travail épanouissant (et il y eu effectivement de vrais moments de joie), j’ai la chance de pouvoir découvrir aujourd'hui une « autre vie » ! Je ne me plains pas de ne plus « avoir » car nous n’avons jamais vraiment ; je me réjouis juste « d’être » car nous sommes trop souvent « absent ». Comment cultiver une bonne image de soi si c’est la peur de perdre ou le besoin de combler des vides qui guident nos choix ? Il n’y a pas, de fait, de « bonnes » ou de « mauvaises » vies, ces notions qualificatives et « qualitatives » n’étant que l’écho d’une image idéale arbitraire et subjective. N’oublions pas que notre liberté se construit sur le dos de nos difficultés !

PS : Je viens d’écouter une émission dont le sujet était la e.réputation, la réputation diffusée sur le web. Encore une variante sur le thème de l’image de soi et des autres qui alimente mes réflexions… Une fabrique à stars aussi bien qu’à souffre douleur et ce, uniquement fondée sur une image « virtuelle ». « Virtuelle » n’étant pas le contraire de « réelle » mais plutôt de « matériel » car les effets sont tout à fait « concrets ».

De façon générale, écoutez bien l’ensemble des flux médiatiques et vous constaterez que la référence à « l’Image idéale » est omniprésente, c’est assez troublant !

*Image - le terme « d’image » est une « image » ! Mettre à plat ses réflexions, c’est faire des choix, le vocabulaire en est un. Ne prenez pas au pied de la lettre ce terme. L’image est moins un visuel qu’une représentation de notions plus abstraites comme les traits de caractère évoqués dans le texte. L’image inclut un flot de pensées et de sentiments. De plus, l’image n’existe qu’une fois le recul pris et dans la mesure où il y a un « observateur ». L’intérêt est que ce regard sur soi, ce recul, est spontané (« reflexe psychique ») et permet l’amorce d’un vrai regard sur soi. Il faut alors prendre du recul sur ce 1er recul !

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21 août 2015 5 21 /08 /août /2015 09:41

Je me souviens de ce chemin qui me menait. Je me souvient de ce chemin que me mène. Je me souviens, encore et toujours, de ce chemin qui me mènera. Ici ou là. Ici et là. Là, juste là. Aux aléas de l’eau de là. Juste devant Toi. Ici bas, devenant Moi.

Souviens-toi du chemin, alors droit dans mes chaussons, j’avançais, le cœur acéré et le foie à l’air. Rien à cacher, pas de bile à se faire. Juste au bout, un temple. Jusqu’au temple, debout ! Souviens-toi, je suivais ce chemin, je crois, à petit pas de chine. J’avançais si doucement que j’étais déjà loin des deux vents contraires, devant six dieux qui persistent encore à marquer mes mots insidieux. Ainsi, mes pensées partaient de si loin, si loin et pourtant elles veillaient sur vous, sur moi, sur chaque vivant possible et impossible. A la vitesse de l’air, message enveloppant l’être affranchi. Je suis un petit chemin, parcours vers l’effort où m’attendaient réconfort de l’ineffable mouvements.

Te souviens-tu ? Je marchais. Je marche. Je marcherai. Les trippes à l’air car je n’ai rien à cacher. J’allais doucement pour toucher un bout du monde qui ne m’attendait plus. Le prix hier, je le paie ce jour au son vibrant de symboles. Six dieux et un septième pour finir de les unir. Sceptre en main, je leur parle à bâton rompu. Pour toi, pour moi, pour vous, pour chaque vivant d’une pomme habitée de multivers. Je me liais, je m’aliénais avec plaisir vers ce point où tout converge, où tout n’est qu’un, qu’un morceau de toi, d’émoie. Encore un pas. Rien n’existe plus et pourtant rien ne manque. Avide, je nous vois au fond, fondu par des larmes de joie, fondu par un soleil d’étain. Je m’éteins à chaque pas. Je m’efface sous les feutres glissants. Un pas. Loin de l’impasse, je m’étends tambour battant. Il bat toujours. Tous jours confondus. L’unique combat. L’Unique qu’on bat. Qui bat là. Qui bat là. Qui bat là-bas.

Souvenez-vous, je marchais le long du mur qui menait, doucement, vers ce cœur sacré, sucré. Le souffle rouge d’une flute bercera chaque geste dès le premier instant et jusqu’au dernier. Un air qui ne se voit que de loin et ne s’entend pas après pas. Derrière ce mur fatigué, usé, se cachait le battement qui rythmait ma vie, ma vie d’avant et ma vie qui sera. Le jour même. Ce jour. Là, maintenant ! L’entends-tu ? Chut ! Ce n’est que le bruit d’un pas. Un chemin tissé en point de croix qui marche sur un homme étendu. Un homme sur le fil sous l’attention d’une main tendue. Un homme parmi l’odieux. Bardé d’yeux ouverts. M’entends-tu ? La rechute… C’est le bruit du bruit quand le silence est là. Sous la note, IL est là.

Enfin je marche. Le long d’un murmure je continue rampant à demi-mots, rampant mes périphrases. Silence, je tourne. Doucement je marche. Je marche. Je marche. Je marche. Ma foi à l’air, entre ciel éthéré et sol majeur. Et pourtant, timidement, JE MARCHE !

Et jusqu’à la chute, je marchais. « Ci-gît, deux pieds sous terre ! »

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27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 07:14

(Quelques mots écrits et inspirés entre les entreinements.... comprendra qui voudra :-)

 

Petit matin d’un frais regard

Mon sourir parcour le temple

Au loin

 

Poussé doucement par le vent

Deux pas pour rien, deux pas pour toi

Pour moi

 

J’empli la cours je tourne lent

Des ronds dans l’eau Heron sur terre

Je glisse

 

L’esprit flote devant s’éfile

J’étends mes bras vers toi, vers moi

Je tisse

 

La calme tempête souvent

Au pied d’une vis sans fin

Assis

 

Point fixe de girouette

Avec la force d’un néant

Léger

 

Ma main vide se pause là

Sur une courbe de tes reins

Tai chi

 

 

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 13:17

Texte écrit juste avant mon départ pour la chine...

 

Feu croisé à l’angle obtus d’une idée

Sur la ligne épaisse d’un départ

Je dessine un début, un rebut à dessein

Destin entre croisé et fantassin

Assassin à mi-voix de sombres routards

J’achève là la lassitude des chants éludés

 

Je dessine un rébus, un début pour défunt

Funeste sort, merveilleux dédalle minuté par Icare

Un écart pour un vol aux elles détachées

Arrachées à deux main par un hacker fauché

Vie en deux cuite à cœur pour un instant avar

Je me livre en lignes filant le Minotaure enfin

 

L’esprit enivré, je me shoot au thé

A deux pas du vertige, je m’échine à voir

Avoir et être, illusoires vestiges pour devins

Le divin ne s’attache qu’au vent, jamais à l’airain

Rien n’est plus lourd que les embruns d’un soir

Seule trace d’un sentiment sur le sable d’été

 

Petit poux semés en lacet le long des chemins

Pas de géant pour l’homme, néant de l’humanité

Sauts de puce pour un Homer d’alors sans histoire

D’aplomb je transforme l’or à défaut d’ivoire

Une pensée ascète, lieux de vie bouleversés

De puissants rêves animent mes bottes de gamin

 

Je pars ! Annonce sans détour de pistes programmées

Tapi, un oiseau se pose, m’attend, il est blanc, il est noir

Un sourire m’emporte et je laisse un dépôt de chagrin

Peu pour me nourrir, d’évidence je n’ai qu’un petit grain

Juste assez pour détourner l’égo d’une ligne de regard

Temps d’un dépit raté pour une simple idée lancée

 

Enfin je peins de lents mouvements sans déboire

Plus une bulle qui ne soit à portée de main

Le silence m’abrite de son ventre gonflé

Entonnant le plaisir d’un souffle raisonné

Pour un long soupir, étonnant chant de marin

Assis sur un blanc, je laisse couler l'espoir.

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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 15:27

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Point !

Un point c’est tout

Un point s’étouffe devant moi

Le cœur serré et la bouche pincée

Je regarde désabusé son corps s’étaler

Affalé sur le coin d’un soupire, il ne s’en distingue qu’a peine

Et je le guide pour une fin certaine, une certaine idée du trépas

Juste un petit pas vers le doux désarrois d’un point qui n’a plus sa place

Une phrase qui n’en fini pas, une main perdu sur une page qui s’efface

 

Point ?

Un point n’est rien

Rien qu’un peu de temps

Un espace si grand et si peu d’encre

Seul en mer depuis toujours il lève la plume pour filer

Un coup bas à celui qui se noie lesté et droit comme un i

Et à la tête d’un contre-sens découvre un autre que lui assis sur un mot

Dégage de là et laisse moi la place déclare t’il comme un chien aux abois

C’est à moi de boucler la sombre démo d’une vie définie par l’infini

 

Point.

Un point sans retour

Ah je vous le dis sans détour

Je ne laisserais à personne un tel privilège, petit mais si puissant

Fermer la porte au nez des trous du cul et aux idées les plus pointues

D’un pic sadique j’annule toutes vos prétentions et j’arrête net toute envie d’évasion

Doucement je vous laisse aller et poser vos mots bien pensés, bien pesés et ploc, je vous stoppe

Un retour à la ligne ou deux pour vous laisser le temps de désirer, de croire à votre esprit sans faille

Et brusquement l’air de rien je vous plante mon tout petit bic dans l’airain

 

Point…

Un point sur la carte

Pour vous faire croire que vous êtes ici et non là

Ici ou là vous vous fondez dans la trame d’une vie de père au point

Rouge vert ou bleu vous n’êtes qu’un ton vers le blanc, vers le transparent

Vous nagez dans des eaux troubles, guidé par des pulsations qui s’écrivent à coups de bip

Ping ! Le point lumineux qui dessine un battement bien trop mou sur un cadran bien trop contrôlé

Reste d’une viande avariée aux traits tirés qui veut paraitre deux jours de moins pour séduire encore

Je ne laisse plus respirer des cardinaux désorientés dont la rose est fanée et le vent sous la ronce

 

Point :

Un poing d’honneur

Deux doigts pour finir cette épique histoire sans queue

Mais à la tête d’un monde qui de si loin n’est que coup de point

Et de si près git sous l’appât de mes pieds qui me trace un destin

Vous qui pensiez ne suivre qu’un fou sans le moindre sens du commun

Vous voilà face au doute : et si le fou je n’étais point, et si vous ne saviez rien

Dès cet instant, ici et maintenant, vous suivez votre route et cessez de tourner en vain

Il est temps de vomir cette ronde absurde, ce cul de sac pour mal en point   

 

Point

Un point c’est tout

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7 juin 2013 5 07 /06 /juin /2013 14:30

Ceci n'est que simple jeu des mots et des sens. Certes il inclut des sentiments, des ressentits mais ce n'est qu'un "poème" et rien de plus... Comme dans le précédent "Buveur de thé", tout n'est pas au premier degré. Comme pour l'alcool, je ne commence apprécier qu'au 4ème ou au 5ème... Après cela dépend du nombre de ver(re)s !

Je tenais à cette introduction pour rassurer certaines personnes sensibles à mes états d'âme ! Voici donc une petite poésie, avec tout le veillot que cela peu induire. Elle est coloré de nostalgie. Et j'aime bien la nostalgie, elle me nourri et n'a vraiment rien à voir ni avec les regrets, ni avec les idées noires. Au contraire, la nostalgie, c'est se plonger dans un bain d'eau chaude (le passé), tiédie par la fraicheur de l'air (le présent). Avec un peu de savons qui mousse (le savon qui mousse) c'est un vrai bonheur ;-)

 

.......

 

Au détour de nos Grandes Illusions

Souvient-toi, on se croisait mon ange

Au détour de Petites Allusions

Souvient-toi, croassaient les mésanges

 

Petits chemins bordés de nos pensées

Nous marchions confiant, œil cerné de joie

Palissade dorée, haies bien taillées

Jardins aux maîtres carrés et bourgeois

 

Petits métiers qui tissaient nos dettes

Nous remplissions nos besaces devant

L’argent content des avis obsolètes

Qui tue l’art pour un bonheur contingent

 

Reflet lustré d’un décompte en banque

Nous briquions de peaux cédées en main

Un véhicule dont la rime manque

Mais dit tant sur la nature des liens

 

Au détour de nos Grandes Illusions

Souvient-toi, on se croisait mon ange

Au détour de Petites Allusions

Souvient-toi, croassaient les mésanges

 

Petit projet nourri les grands espoirs

Nous percions nos murs, crochant nos envies

Cadre idéal pour le couffin d’un soir

Au catalogue, enfants sur deux vies

 

Des astres annoncés par voie de presse

Voici qu’Elle ne vit que pour ce gars là

Le papillon ose élire l’expresse

Au jardin secret d’où elle s’envola   

 

L’herbe fût verte sous la balançoire

Et sous le rire puissant des enfants

Aujourd’hui, l’arbre d’or a perdu ses poires

Compote acide à mémoire d’effet lent

 

Au détour de nos Grandes Illusions

Souvient-toi, on croassait mon ange

Au détour de Petites Allusions

Souvient-toi, on croisait les mésanges

 

Un e.monde nouveau qui s’annoncent

Je pointe un regard derrière ton nom

Pour voir les grincements qui balancent

Et la rouille qui colore mes sermons

 

Tapisseries et peintures ont verdies

Et je n’ai plus qu’un refrain de saison

Qui berce quelques années cramoisies

Quand l’amour logeait au feu du balcon

 

Mais dans ces mots sans écho y demeure

Une pensée tendre et souriante

Bien au delà de toutes mes humeurs

Toute sa chaleur qui m’oriente

 

Aux dés, lancé de Grandes Allusions

Souvient-toi mon ange, on y croasse

Aux dés, petit tour des nos Illusions

Un, deux, trois, silence ! Mes anges passent 

 

 

 

 

 

 

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24 mai 2013 5 24 /05 /mai /2013 16:06

Buveur de thé

 

Tu n’es qu’un buveur de thé

Tu te jettes à l’eau petit doigt levé

Regarde toi et admire le tableau

Un âne bâté grattant à son tombeau

Mendiant pas de porte ouverte ou fermée

 

Tu n’es qu’un buveur buté

Tu n’as de vert que l’ombre d’une idée

Ecoute toi gerber pauvres discours

Au regard envieux de ceux qui accourent

Flattant l’odeur, fiel de ta pause hâtée

 

Tu n’es qu’un buveur athée

Tu ne crois en toi qu’au jour d’un férié

Touche toi à l’endroit d’un désir pervers

Prétentieux à chasser d’un seul revers

Léchant le fondement d’un monde hanté

 

Tu n’es qu’un buveur de trop

Tu ne comptes plus que le je des mots

Sent toi partir vers l’autre dérive

Puiser l’eau de terribles salives

Rognant jusqu'à l’ostensible égo

 

Tu n’es qu’un buveur d’été

Tu n’as de goût que pour l’orgie sucrée

Déguste chaque soleil en rayon

Libre service au bout de ton crayon

Etiquetant ton traité de vérité

 

Tu n’es qu’un buveur de thé

Tu n’as de sens que pour l’instant raté

Pense à toutes tes blessures d’amant

Un homme qui fuit et court couramment

Couramment, amant de jeux écourtés

 

Tu n’es qu’un buveur de thé

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 16:39

Dernièrement, je suis tombé sur un texte écrit il y a quelques 15 années, facile, résultat d'un petit jeu auquel je me livrais quand j'étais courageux, un exercice qui ne me ferait pas de mal encore aujourd'hui ! un jeu des plus simple :  

1 - ouvrir un dictionnaire au hasard sur chacune des lettres?

2 - choisir le mot qui vous intéresse. Le but étant de choisir un mot peu usité !

3 - une fois la liste de mots en main (26 en toute logique), il ne suffit plus qu'a écrire une histoire avec... Perso, je les plaçais dans l'ordre alphabétique ! Le sens du mot pouvait être légèrement (ou sauvagement) perverti pour les besoins de cette bonne cause...

 

voici l'exemple :

 

Ce qui est devant vous ne se présente pas toujours sous sont meilleur jour. Apparoir n’est pas être dévoilé.

Pour vous en convaincre, une histoire sera plus juste qu’une explication scientifique. On ne fait pas un bun en expliquant à la pâte qu’elle doit se lever mais en la pétrissant. Imaginez un coin tranquille et tropical, où pousserait en abondance les clusiacées dont le fameux millepertuis. Tout un décor sauvage et pourtant idyllique jusqu’à la "disruption". « Trop, c’est trop ! ». Un lieu où l’estivage serait permanent ne peut exister. On y serait trop bien. Ne finirait-on par vouloir vivre sur un floe ne serait-ce qu’une minute pour connaître le manque ! Cette terre fabuleuse existait pourtant ! Y aurait-on voulu être un galapiat que cela aurait été impossible, rien n’appartenait à personne et tout était abondant.

L’habeas corpus y aurait perdu son latin, la notion d’individualité et de délit n’avait aucun sens. Et pourtant…

Si la réalité de ce lieu fut si bonne, l’imaginaire devait compenser. Ce fût dans le sommeil d’une nymphe, que tout pu commencer. L’Incube surgit sans ménagement et bouleversa la pauvre femme. A son réveil, elle pensa de suite à un mauvais sort, une Jettatura qui s’attaquait à son sommeil.

Les nuits devinrent de plus en plus agitées pour cette habitante de l’Eden. Si son esprit devait réagir, cela se fit comme une «Kératose ». L'esprit devint de plus en plus dur comme pour établir une barrière entre lui et l’agression.

La nymphe qui avait une silhouette lianescente, devint énorme et laide cherchant par tous les moyens à fuir ses cauchemars. Mais elle savait que ce n’était pas une simple Mazarinade qui allait faire fuir ses démons. Ce monde de bonheur connu alors ses premières peurs. Des peurs contagieuses. Tous ses occupants réagir comme un naissain, il fallait se fixer à n’importe quelle réalité pour ne pas se laisser entrainé dans ce courant angoissé. Beaucoup se lancèrent dans des oaristys pour trouver l’âme sœur qui les consolerait. D’autres, pedibus, vagabondait à la recherche d’une demeure où s’enraciner.

Ce fût au quasimodo qu’apparurent les premiers signes du bouleversement. Les rivières qui auparavant étaient si clair fût envahie par les rivulaires. Dans les villages furent tendues les premières sébiles. Et oui, on réclamait ! Ce qui voulait donc dire que pour la première fois le manque se faisait sentir !

Pour comprendre ce phénomène, de grands savants s’inventèrent. Ils émirent toutes sortes de conceptions et celle de la téléonomie fût la plus largement adoptée. Tout était mécanique et inéluctable.

Tout petit, se tapissait un être qui lui n’avait encore connu aucun manque, aucune peur. Il vivait tranquillement, se nourrissant d’ulves sans attendre un quelconque vivandier pour lui apporter ses repas.

Un poisson, de temps en temps, venait agrémenter son repas car sa pratique du wading était surprenante d’efficacité.

Alors que tout le monde s’enfermait de plus en plus dans des attitudes agressives ou retranchées, ce petit être vivait toujours avec la légèreté du xanthie, sans ce soucier du souci.

Il ressemblait à un Yapock pouvant connaître la cime des arbres aussi bien que le fond des eaux. Sa chevelure zain dévoilait à chacun qu’aucun problème ne l’avait encore atteint.

Comment avait-il échappé à ce terrible bouleversement ? Si vous lui aviez demandé peut-être vous aurait-il répondu de la sorte ? « Le pin fait toujours ses pommes et la terre donne toujours ses pins ! » Comprenez-vous maintenant qu’apparoir n’est pas être dévoilé et que tout n’est qu’histoire de mots ?

 

Fin

 

A vous de jouer ! 

 

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 12:02

Bon, j'avais préparé tout un laïus pour expliquer cette vidéo, puis j'me suis dit que, finalement, on la prenait comme on voulait ! A l'origine, j'ai écrit un texte que je voulais mettre en image. En l'occurrence, se sont des images de mon périple "france nord-sud" qui ont servi. Elle s'y sont installées naturellement...  

 

La vidéo 

Le texte :

Divine absence

 

Plus divin que l’absinthe

C’est ton exquise absence

Juste l’espace indistinct

Entre chaudes vapeurs et sens

 

Mais pour toi, mon âme infâme

Est patiente et délicate

Hume le parfum qui damne

Et s’en éprend sans dictat

 

Ton existence est une foi

Qui enivre tout mon être

Un état où l’esprit est roi

Une arène pour ton sceptre

 

De toi, une pensée suffit

Et ton nom infini prend corps

Un regard furieux qui défit

Les démons qui hurlent encore

 

Ton existence est un mythe

Echoué sur l’écho de mon temps

Une fable amère, un rite

Qui transforme l’eau en vent

 

Je te cherche et non en vain

Car mes espoirs sont en soi

Matière à créer du divin

Brodant au fil de mes émois

 

Tu existe bien en deçà

Au delà des mots frivoles

Plume délié, tu es mon La

Soufflant une braise en vole

 

A mille lieux et à deux pas

J’attends serein ton premier coup

Je ne sais rien de ton combat

De cœur ou d’éclat, je l’avoue

 

Suis-je ton vers, ta ligne de vie

Esquisse gourmande croquée

As-tu ma pomme pour envie

L’envoi de maux à méditer

 

A jamais scellée dans l’argile

La trace nous laisse sans voix

Celle d’un pas sûr mais fragile

Ma vie n’est qu’un chemin vers toi.

 

 

 

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 18:31

(vous prendrez bien un Biolay ?)

Une fois n’est pas coutume, j’aimerai me focaliser sur un état d’âme et précisément sur lui, pour tenter de le saisir, j’ai nommé, la mélancolie. Vieux sentiment s’il en est, choyé par les artistes du XIXè siècle, étudié par les sages de l’Antiquité et démystifié à coup de médoc par le XXè siècle, il est reconnu par celui que le rencontre, une face d'éternité. Il est discernable par sa forme ambigüe et par l’énergie étrange qu’il propose.

 

Sa définition n’a cessé d’évoluer. Elle est passée d’une forme de vide que le cœur et l'âme n’arrivent pas à combler à une dépression que la médecine ne sait pas vraiment soigner. Tantôt moteur de créativité, inspirant le spleen de Baudelaire, tantôt vide de l’esprit à trop affronter des démons envahissants, mais toujours un sentiment lié aux désirs d’absolus.

 

Je ne tenterai pas un historique de cet état de l’être mais plutôt, égoïstement, de dire ce qu’est pour moi la mélancolie. A ce stade de l’écrit, je n’en ai pas encore les mots, juste une sensation inscrite au creux de mon thorax, un animal en sommeil prêt à ronronner au moindre souffle qui le caresse.

 

D’abord, voici ce qu’elle n’est pas pour moi : une dépression nocive, un mal psychologique inhibant, une souffrance insupportable. Si ces derniers existent, ils ne sont pas mélancolie. Dans la mélancolie, la lumière est aussi présente que l’obscurité. Les deux se font face et de là, nait une émotion et un trouble si particuliers.

 

Vivre la mélancolie, c’est être dans un espace improbable que le passé et le futur se partage, un présent à la couleur d’automne et au parfum de printemps. On ne sait si on laisse la lumière pour aller vers l’obscurité ou s’il s’agit de l’inverse. Ce qui est palpable est cette tension jouissive d’un esprit pris entre deux eaux, et qui regarde derrière tout en avançant sereinement. La mélancolie exclus la peur, elle est résigné mais non soumise. L’esprit se repait de lui-même et de ces instants de coton qui vous plongent dans un si bel ennui.

 

Un regard langoureux sur ce que nous sommes, aurions pu être ou sur ce que nous fûmes. Un brouillard matinal sur un décor nocturne, une source que l’on confond avec un estuaire, une musique triste sur un sourire chaleureux. Un plaisir morbide vous couve de ses douces serres, pris dans un étau de velours qui vous confine dans un lieu aux limites infinies. Nul sentiment plus pur ne peut vous offrir un tel contraste avec autant de délicatesse. Le cœur vacille avec élégance et la chute est belle. Un plongeon vers les cieux, un saut vertical vers le terrestre.

 

La mélancolie est cette brise qui soulève quelques poussières et les dépose un peu plus loin. Elle ne bouleverse en rien votre monde, elle n’en a pas la prétention. Loin de la tempête, elle est à la fois tropicale et polaire. Un morceau de banquise qui flotte au large d’une plage chauffé à blanc. La mélancolie est juste un frisson dans le dos qui pique vos pensées d’une larme déjà oublié. Votre regard, porté par des images qui n’appartiennent à aucun de vos souvenirs, qui se partage entre fantasmes réels et passé imaginé. Vous êtes à fleur de falaise. Juste au bord d’un instant. Une marche le long d’une côté géante où la mer fait appel à votre cœur de marin et où la terre vous propose une demeure chargée, douce chaleur de vos regrets.

 

La mélancolie s’écoute, se déguste sagement avec une ambition sauvage. Comme un fauve qui construit sa propre cage et accepte la pâtée le temps d’un soupire. Cette joie si triste vous abreuve d’une musique qui s’accorde à tout les temps et à tous les lieux. Vous devenez dérisoire et cette dérision est plus importante que tout, elle est essentielle et est le fondement même de votre mélancolie. Une dérision qui met l’univers à genoux et qui se gausse de tout et surtout de soi-même. La mélancolie ne se voile pas, elle se regarde en face et ne craint aucun ridicule. Le ridicule est l’infiniment petit qui vous oppose à vous-même, affrontant le temps et l’espace avec nonchalance. Un serpent qui se mort la queue mais qui le fait avec délectation pour ne devenir qu’un point pas plus lourd qu’une planète et plus petit qu’un atome. Un quark sélénite habillé de soleil.

 

La mélancolie vous laisse là, sans sourciller, sans se soucier de votre trajectoire, ni de celles des autres. Par essence, elle observe juste en attendant l’obscur dénouement de cette parenthèse fœtale, pour pousser un cri sourd devant l’écho bruyant de pensées paresseuses. Encore un peu dans cet état pour profiter des pas feutrés, de la neige isolée et de la brume amoureuse. Encore un peu de ce feu léger qui consume sans consommer la pépite vitale battant sa démesure. Là, git la marque d’un blason offert.

 

De retour, au sortir d’une mélancolie, il nous faut rejoindre un monde tel qu’on l’avait laissé, et surtout, il nous faut recomposer un esprit diffus. ni recul, ni avancée. Une apnée entre deux respirations. Quand on la connu, la mélancolie ne nous quitte jamais vraiment, elle se fait discrète et attends sagement que l’on soit prêt à l’accueillir de nouveau. Ce sentiment n’est pas invasif mais il est comme une eau qui travail un terrain dur, qui fait son trou petit à petit, un gouffre merveilleux sans lequel nous ne serions qu’un écho sans profondeur.

 

Il ne faut pas croire que broyer un peu de noir soit si mauvais, ce qui l'est, est de ne vouloir que de la lumière ou de l'obscurité. Ce n'est que banale vérité que de dire qu'il n'y a d'ombre sans lumière et que dans tout ombre porte sa lumière. Aussi vrai que yin et le yang sont l'un et l'autre. Il devrait donc être tout aussi banal d'accepter d'être composé des deux et que chacun s'exprime à tour de rôle, ou de concert comme la mélancolie. L'ombre d'un instant peut être la lumière d'un autre ! 

 

Pourquoi ne pas finir sur les mots de Léo (le lion en cage qui savait rugir !) :

(…)

La melancolie

C'est regarder l'eau

D'un dernier regard

Et faire la peau

Au divin hasard

Et rentrer penaud

Et rentrer peinard

C'est avoir le noir

Sans savoir très bien

Ce qu'il faudrait voir

Entre loup et chien

C'est un desespoir

Qu'a pas les moyens

La melancolie


 

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