L’effet lent…
Ce nom, qui était destiné à une association qui n’a eu de vie que dans mon esprit, représente tout le contraire de ce qui caractérise notre société. Je vais donc défoncer quelques portes ouvertes pour vous l’expliquer.
Le jeu de mot, qui ne vous aura pas échappé, avec « éléphant » colle parfaitement avec l’esprit de ce que je souhaite trouver… celui d'une action lente mais puissante !
Soit, nous avons tout le temps qu’il faut pour vivre nos plaisirs, nos passions et nos métiers, mais paradoxalement, nous n’en avons plus pour penser, prendre du recul, expérimenter. Il nous faut tout, et tout de suite.
L’effet lent… Je constate, que nous agissons toujours dans la précipitation, par impulsion, nous comblons les trous jonchant notre agenda par des activités, des rendez-vous, des visites… Nous n’aimons pas le vide, nous en avons peur ! Pourtant, nous n’agissons, au final, qu'en surface. Les vrais changements arrivent par le tréfonds de nos êtres. Par des mouvements lents, puissants, loin des agitations nerveuses de notre société. Nous fuyons quelque chose sans savoir trop de quoi il s’agit. Le pire, c'est qu'au final, nous sommes persuadé d'être rattrapé.
L’effet lent... C’est prendre du temps pour se poser, se regarder en face, sans juger, juste pour contempler. S'ouvrir à sa créativité, c’est s’autoriser à voir différemment un même élément. C’est associer ce qui ne semblait pas destiné à l’être. La créativité est, plutôt qu'un don en plus, des blocages en moins. Ceux qui pense en manquer ne doivent donc pas chercher à l'acquérir, mais plutôt faire un ménage et, peut-être briser quelques mécanismes intellectuels.
L’effet lent, c’est aussi agir sans vouloir un profit immédiat. Faire ses recherches sans penser à un but quelconque. Sans cette idée de gain, les gestes s’apaisent aussitôt. Attention, ceci est possible sans pour autant devoir se faire moine zen. Je ne prêche pas pour quoi ou qui que se soit ! si effectivement, certaines idées rejoignent certains courants de pensée, en fin de compte j’en suis loin. Le recul doit être pris totalement, même et surtout sur nos convictions. Bon, je ne cacherais pas qu’une pratique du tai ji quan par exemple, ne puisse intervenir dans ma façon d’aborder ce blog. Oui, mais ce n’est pas l’objet du discours, c’est simplement l’une des facettes qui me compose et qui, inévitablement agit dans un mouvement de fond. Certaines pratiques apportent certaines réponses qui ne leur appartiennent pas. Ces réponses sont à l’origine de la pratique, et non l’inverse ! Je voulais éclaircir ce point ne me demandez pas pourquoi… Certains le savent peut-être, ceux qui veulent cloisonner les pensées.
L’effet lent est donc le nom d'un lieu vaste où nous sommes autant à l’écoute que dans l’action. Un espace de recherche où l’on ne cherche pas à trouver, étonnant, non ? Les maladresses sont autorisées puisqu’elle ne le sont que d’un point de vue donné. L’idée étant que nous agissions sans tendre vers un résultat ou un autre, les effets seront forcément au rendez-vous, il faut juste savoir les recevoir.
Tout cela demande de lâcher prise et, c’est probablement la partie la plus difficile du travail ! Pour exemple, j’entame ce blog, et pour le moment, j’avance en n’ayant pas encore ce sentiment si agréable de l’évidence. Un sentiment qui fait son apparition quand les actions coulent de source et que l’on se sent tout entier dans ce que l’on fait. Voilà, c’est dit, il me reste à trouver le ton juste sur ce web ! Avançons, nous verrons bien.
Le visuel accompagnant est un essai d’une série réalisée à partir de photos prises au port de Saint-Nazaire. En ce moment, je m’amuse à utiliser mes photos comme autant de palettes au service d’une composition. Un exercice dont je parlerai une prochaine fois.