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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 19:31

Notre société cultive, consciemment, inconsciemment mais consciencieusement, l’idée de « réussite ». Et cette société récolte une vision collective de cette réussite que nous pouvons tous reconnaître et savourer. Pour digérer, malgré nous, son image, nous usons de critères bien visibles, voir ostentatoires. Ce sont les aspects extérieurs à notre être qui exprime notre succès ou notre infortune : argent, pouvoir, célébrité, influence, et même maintenant, notoriété sur la toile… Autant de signes censés attester d’une vie réussie, heureuse. Si ce n’était pas le cas, pourquoi faire autant d’effort pour développer au moins l’un de ces « critères visibles » ? Le bonheur serait-il dans le prêt à penser ? Ou doit-t-on régurgiter toute cette soupe épaisse qui nous a, dit-on, aidé à grandir ? Les panses et les esprits sont bien remplis, nous ne savons pourtant toujours pas quelle est notre place dans ce banquet. Nous ne nous en soucions même pas, occupé à lorgner l’assiette du voisin ou à surveiller la sienne. Levons les yeux sur le miroir du salon pour regarder la scène avec un plus d’attention et de recul. Peut-être y verrons-nous un reflet digne d’intérêt ?

 

Notre vision de la « réussite », tenace, est alimentée par un imaginaire médiatique, par une culture du succès, et oriente tout notre être. Certain attrape la carotte, d’autre non, d’autre encore la dédaigne. Nos plaisirs et nos frustrations seront les fruits de cette tension qui dirige nos actes, nos projets ou simplement notre vie quotidienne. Cela commence à la cours de récréation où nos chères têtes blondes se jugent déjà en fonction de signes extérieurs qui « marquent » le succès ou la « loose ». Ce n’est que l’écho brouillé et joué du monde que nous développons et qui transpire dans tout ce qui nous entoure : voiture, vêtements, habitat, cuisine aménagée, téléphone portable, etc. L’argent étant à la fois le carburant de ce déballage de “bonheur”, mais aussi objet d’un bonheur sans odeur ! L’argent est liberté ! L’argent est, donc je suis !

 

Certes, il existe des courants qui se détachent de ce mode de pensée et de cette image quelque peu caricaturée (si peu). Des courants dit « alternatifs » plus ou moins parfumé à « eau de 68 ». Mais, même s’il est vrai que pour ces personnes qui suivent un autre mode de vie social et économique, les valeurs ne soient pas placées aux mêmes endroits, en tirent-ils un bénéfice supérieur ? C’est à dire, touche-il à un bonheur plus grand ou plus « vrai », et ce dernier serait-il vraiment dans le pré ? Personnellement, j’en doute un peu. Car, s’il est bon - indispensable même - que d’autres courants de pensées et d’autres modes de vie coexistent – variété du menu oblige - elles n’en développent pas moins une certaine idée de la réussite déterminée par de nouveaux critères et surtout avec le même, et si fameux, ego aux commandes. Et souvent, de ce que j’en ai perçu tout au moins, ce mode de vie peut exprimer un discours rigide et dogmatique. L’idée même d’adopter « le bon mode de vie », situant sa personne à la bonne place, avec les bonne manières et s’opposant à ceux qui « sont vendus au grand capitalisme » induit un jugement sclérosé ou en voie. La majorité de ces modes de vie « différents », s’installent eux-mêmes en opposition à la société « dominante ». Ils n’ont d’existence que dans cette confrontation. Ils s’attachent aussi à des critères extérieurs, des apparences, que ce soit les leurs ou ceux contre lesquels ils « luttent ». C’est le défaut même de ce qu’on appelle la « lutte des classes », l’opposition entre le « bon droit » et le « mauvais », le « haut » et le « bas », l’ « exploité » et l’ « exploiteur ». On nourrit de bons sentiments un mécanisme qui reste égocentré et qui garde les travers qui consiste à juger l’autre en se plaçant soi-même comme pivot l’action à suivre. Peut-être faudrait-il aller chercher dans des modes de vie qui préexistaient aux systèmes capitalistiques et qui ne se soient pas construit en opposition pour trouver d’éventuelles vraies « alternatives ». Mais peu importe, n’est-ce pas faire fausse route que de considérer l’Homme par ses « critères visibles » quels que soit son mode de vie ? Est-ce à ce niveau que réside la vraie différence entre les individus, celui des aspects matériels et socioculturels ?

 

Si cette question n’est pas nouvelle en soi, voir éculée, elle reste une bonne « source » de réflexion. Et si nous nous déplacions pour modifier notre point de vue et que nous nous détachions objectivement des aspects extérieurs de nos vies pour chercher l’être en soi, tout au fond ? Retournons pour cela à la vision décrite quelques lignes plus haut. Pour juger du succès ou de l’insuccès d’un être, il faudrait établir une règle du jeu commune et équitable. Nous aurions tous les mêmes chances à la naissance que ce soit en terme matériel (logement, finances, etc.), physique (aptitudes sportives, robustesse, etc.), intellectuel (intelligence, intuition, etc.) et enfin émotif (sentiments, empathie, etc.). Alors, juger du succès aurait un peu plus « sens », la ligne de départ serait au moins la même. Mais nous le savons tous, et parfois à nos dépends, nous n’arrivons pas sur cette « aire de jeu » avec les mêmes attributs ! Et j’aurais tendance à dire « heureusement ! », vous comprendrez pourquoi plus loin. Le jeu serait donc une sale arnaque ! Et si la richesse de nos vies n’était non pas dans le fait d’atteindre une vie protégé de tout soubresaut, de tout désordre, protégé par l’argent, le pouvoir ou toutes autres armures virtuelles, mais si elle était au contraire dans ces soubresauts, dans ses chaos et dans notre façon d’y plonger corps et âme ? 

 

Nous sommes « locataire » d’une vie – et oui, dommage pour ceux qui voulaient une France de propriétaire, c’était cuit d’avance ! - et nous savons tous que les aléas sont inévitables et que même l’argent ou les honneurs ne nous en protégeront pas de tout. Certains argueront à raison que ces derniers contribueront à avoir une vie plus facile. Mais là n’est pas mon propos. Soit, la vie est plus facile entourée de bonnes et de belles choses plutôt que démunie de tout ! C’est une évidence. Mais justement, mon propos est de dire que la valeur et la réussite d’une vie ne se mesure pas à la somme des biens ou des pouvoirs accumulés. Pourquoi ne pas plutôt - si l’on doit mesurer quelque chose - mesurer « la force » de chacun à réagir face à l’adversité. Et donc, plus on serait dans une situation compliquée, dans une poisse pas possible et plus nous serions potentiellement à valoriser. « (…) il y en aura même qui seront noirs, petits et moches et pour eux, ce sera très dur !» disait le dieu de Coluche. Ce qui nous arrive de bien, comme ce qui nous arrive de mal n’est pas « nous », c’est à dire que cela ne défini pas notre être et ne nous résume pas. Pour exemple, quand nous sommes atteint d’une maladie, nous ne sommes pas cette maladie. Elle modifie assurément votre perception du monde – fatigue, angoisse, fièvre, etc. – mais vous savez que ce que vous êtes vraiment est ailleurs. Cela peut paraître évident à certain, et pourtant combien de fois ai-je entendu des remarques prouvant le contraire. Comme « Il est fragile » parlant de quelqu’un qui connaissait une dépression. Or, ce n’est pas la dépression qui rend une personne fragile. Elle est une tempête qui secoue tout votre être c’est vrai, mais pour autant cela ne veut pas dire que l’embarcation, elle, est « fragile ». Chacun réagit différemment devant ces « bourrasques ». Se croire « fort » et à l’abri de telles tempêtes est digne d’un voyant plutôt que d’un météorologue. Nous recevons la maladie comme telle et elle fait partie des « aléas » que nous rencontrons. Nous n’en sommes pas « diminué » au fond, on peut même y puiser une force surprenante. Un « bon » marin ne doit-il pas savoir affronter les temps « forts ». Il en est de même pour un événement positif, nous devons apprendre à le gérer. Il peut lui développer des faiblesses... Croire que nous sommes « fort », « bon » ou « supérieur » parce que les événements nous sont favorables est à mon sens, avoir une vision « simpliste » de la vie, si ce n’est une vision limitée. Ou plus restrictif encore, une vision « déifiante », plaçant certains comme des élus, touchés par la grâce divine ! Dans ce cas, toute réflexion sur soi est à oublier et est sans le moindre intérêt, les jeux sont faits !

 

S’il fallait absolument admirer le succès des uns ou des autres, admirons plutôt quelqu’un qui agit envers et contre tous les éléments qui se déchaînent sur lui. Un être qui a tout pour réussir, n’a aucun mérite à réussir. Il faudrait presque désirer subir des tempêtes pour prouver sa valeur, et même enfoncé plus bas que terre, on pourrait être un être admirable loué par tous. Nous inverserions l’idée de popularité ! Cette logique aurait tout autant de sens que la logique actuelle, non ? Peut-être même plus de sens car elle irait au bout de cette volonté de marquer la valeur ou non de quelqu’un. Exposons et admirons nos difficultés plutôt que nos facilités et nos succès ! C’est presque une valeur chrétienne, il nous faut porter notre croix. Par exemple, selon cette logique « inversée », si je devais m’attribuer du mérite, ce serait de continuer à écrire et à faire une production personnelle tout en sachant que je n’ai pas le « talent » pour exprimer et diffuser mes pensées. Le nombre de mes lecteurs en atteste ! Être conscient de ses limites mais les accepter sans renoncer, est au moins aussi louable que d’avoir un talent innée qui nous mènerait confortablement au succès. Juger de l’effort développé à contre courant et non des facilités naturelles que l’on aurait dans un domaine ou dans un autre. Faut-il croire que tout ce qui a de la valeur est forcément à la lumière ou est destiné à l’être ? Moi, je vois une certaine poésie a imaginé tout les trésors cachés dans l’ombre. « Nous ne déchiffrons pas de cartes pour exhumer un trésor, et un X n’a jamais, jamais marqué son emplacement ! » disait Indiana.

 

MAIS même en inversant les rapports au jugement, où cela nous mène-t-il ? Pourquoi valoriser quelqu’un sinon pour flatter son ego, créer des gagnants ET des perdants, et en fin de compte, construire une hiérarchie pyramidale bien illusoire ! Le fait même de pouvoir inverser les logiques prouve bien toute la subjectivité qu’elles supposent. Décidément, nous sommes dans une impasse si l’on s’attache absolument à vouloir juger et à s’accrocher à l’idée du succès de l’un et de l’échec de l’autre. La vie est alors réduite à peu de chose et elle peut passer toute entière en s’accrochant mordicus à des illusions de gloires et de réussites… Le succès n’est qu’un « accident » ! Il n’a pour rançon que d’hypertrophier un ego, ne dit-on pas, avoir la grosse tête ?

 

Donc, si je résume ce que j’ai avancé avec prétention (celle d’avoir quelque chose à dire) : mesurer les êtres les uns par rapport aux autres, et surtout en tirer un jugement, n’a aucun intérêt pour l’Être qui ne demande qu’à vivre en nous. Que ce soit pour valoriser une personne qui a accumuler argent, pouvoir et/ou notoriété, ou que ce soit pour valoriser une personne qui se défend devant des situations difficiles avec énergie et valeur à la manière d’un Koh-Lanta, juger de la réussite de soi et des autres est purement arbitraire, subjectif et n’a au fond pas de sens. Cela peut même être une entrave au bonheur ! Où est alors l’Être en soi, celui « du fond du fond », car finalement, c’est là qu’est la véritable question. Où sommes-nous ? Certaines religions pourraient apporter leur(s) vague(s) réponse(s) comme « la vie est une épreuve divine ! », « la vie est une illusion, une chimère, un rêve ». Des athées pourraient avancer que la vie n’a aucun sens ou qu’on peut lui donner celui que l’on veut. Aurais-je tendance à prendre un peu de tout cela ? Non, je ne chercherais pas à placer la vie dans son « parcours » mais dans son « instant ». Je quitte l’idée du temps et de l’espace qui implique l’épreuve et donc la « réussite » ou l’« échec »…

 

Partons du principe de base qu’il y a deux états primordiaux (mode binaire !) : la vie, c’est à dire la sensation de vie, (et non l’idée de la vie) et la non-vie, qui est en fait une inconnue dont on sort à la naissance et où on replonge à la mort. La non-vie est Tout ce qui n’appartient pas à la vie. La non-vie n’est pas discutable, elle est tout autre et je n’ai aucune possibilité d’affirmer quoi que ce soit à son sujet. Chacun selon ses croyances ou sa philosophie est libre d’y mettre ce qu’il veut, ce n’est pas l’objet de mon questionnement. La vie, elle, est cet état infini qui fait que l’on est, au delà du « cogito, ergo sum » de Descartes très esthétique mais finalement si restrictif. La vie est cet instant dans lequel je suis et tout est à la fois, et où je reçois le visible et l’invisible, que je traduits par des sentiments, des pensées, des réactions physiques, (etc.), qui deviennent eux-mêmes du visible et de l’invisible pour l’instant suivant. Dans cet infini, le tout est de savoir « où » et « qui » nous sommes SANS passer par le jugement et donc la comparaison aux autres. Pour en revenir au début de ce texte, juger du succès ou de l’infortune d’un être est avancer présomptueusement que l’on a répondu à ces questions pour soi et pour les autres, sinon comment juger ? Ce serait donner la position en pleine mer du bateau en vue en ignorant la sienne. En situant l’autre j’ai l’illusion de savoir où je suis. Juger pour se situer soi-même, quelle imposture ! Mais où (que, qui, comment) sommes nous !? Autant le dire tout de suite, je n’ai pas de réponse à cette question. Et là, je sens la déception, vous qui vous attendiez à avoir enfin LA réponse « qui suis-je, où vais et dans quel état j’ère ? »… Avoir lu tout ça pour aboutir au fait que je n’ai pas de réponse, c’est du « foutage de gueule » ! Toujours un peu, oui, puisque je fais comme si je savais quelque chose. Je n’en ai pas, la belle affaire, j’ai tout de même fait un grand ménage et je sais là où je ne suis pas et ce qui n’est pas moi, enfin, ce qui n’est pas mon centre, et ce n’est pas si mal.  

 

Car en réalité, la difficulté est juste là, se situer sans passer par le jugement des autres. Se dessiner des frontières dans un ensemble infini. La mission est impossible car sans fin. C’est le centre, la source de notre être qu’il faut sentir et non chercher les limites d’un être achevé et sculpté une fois pour toute, et encore moins en cherchant la limite chez les autres ! Nous sommes en perpétuelle (dé)construction tout en étant « complet » à chaque instant de vie. Que l’on soit au sommet de l’échelle sociale ou rampant dans la boue la plus infâme, la source est la même pour tous ! Et de cette source, nous n’en sommes que des « reflets » ! voilà, c’est dit ! Fin de l’introduction… Nous sommes des reflets d’une même source projetés dans des conditions différentes. Évidemment, tout support de projection transforme l’objet projeté. L’Homme devient hommes et vit une infinité de possibilités. Et c’est le sens même de l’Humanité et de tout ce qui l’y a de vivant. De tout ce qui existe en fait. La différence dans le reflet de chacun devient une résultante essentielle et sublime. Elle naît d’une rencontre entre la « source » et le « support », et elle devient « réalité », ou plutôt source de notre réalité. Et oui, notre monde de matière, n’est qu’un monde de reflets ! Le mythe de la caverne revisité, où l’ombre devient vérité en soi, la grotte devient ombre elle-même, une vérité de la « vie » et non de la « non-vie »… L’immanent et le transcendent réuni main dans la main, comme deux potes après un combat sur le ring. « C’est pas fini tant que la cloche à pas sonné ! »… « Ding ! »

 

Vouloir tout le monde riche, beau et intelligent c’est gentil, mais aussi absurde que de vouloir une musique composée d’une seule note. David Guetta n’y voit pas d’inconvénient, (paraît-il !) mais il doit savoir aussi qu’il n’y a de “star” que parce qu’il y en a qui ne le sont pas. Une chose n’existe que dans son contraire. « Si tout, absolument tout dans l’univers était vert, le vert n’existerait pas ! ». C’est grâce à cette disparité et ces multiples expériences de vies que l’Homme peut vivre une expérience unique. « Faut de tout, c’est vrai, faut de tout pour faire un monde ! » disait le générique d’Arnold et Willy ! Nous sommes autant de reflets qu’il y a d’êtres sur terre (ou ailleurs !?). Chaque vie est en soi une situation exceptionnelle et une réponse unique à cette source. Ce reflet qui s’adapte à son support (milieu social, génétique, géographie, etc.). Et l’un comme l’autre n’ont de cesse d’évoluer. Le support lui même est reflet. Comprendre cela, c’est comprendre que nous sommes tous un seul et même « corps » lié par cette source, cette origine unique. Univers, uni vers… Et donc, nuire à autrui, c’est se nuire à soi-même (lire l’histoire de Gobuki et le Dragon). On peut effectivement faire l’expérience d’exploiter ses semblables, de leur créer de la souffrance d’une façon ou d’une autre, mais c’est ne pas avoir conscience du lien « subtil » (mais inexpugnable) qui nous uni tous, et que ce qui arrive à l’un, agit forcément sur l’ensemble, et bien entendu sur nous. Nous sommes le reflet de nos actes, et nos actes le reflet de ce que nous sommes ! Là, vous me direz que non seulement je ne n’arrive pas à déterminer le « qui suis-je » et le « où suis-je » mais en plus, j’étends mon être à tous les autres pour me perdre un peu plus. Et pourtant, c’est justement ainsi que j’arrive le mieux à me situer et que ma vie prend « son » sens. Puisque on va tous dans un même sens ! Qu’on le veuille ou non, nous sommes liés, plus que cela, nous sommes une seule et même entité. Certes notre ego va réfuter cette vision, se débattre pour se voir comme un individu indépendant et libre, oubliant que l’Homme existait avant et existera après nous. Cet ego qui rejette la mort comme une malpropre, « va, vilaine avec ta faux toute rouillée ! ». Mais, selon « ma » perception, je survivrais à ma propre « mort » puisque je ne disparaîtrai pas vraiment. C’est mon « reflet » qui disparaîtra ! Certes, ma « conscience égotique », mon « moi » sera transformé, d’une certaine façon disparaîtra. « Rien ne se perd, rien ne se créer, tout se transforme » disait Lavoisier, et pourquoi pas l’esprit ?! A partir de là tout les religions peuvent s’emparer de moi, enfin de mon esprit après la mort, j’étudierai à ce moment là tous les contrats proposés, on verra bien…

 

Pour autant, l’idée d’une source n’impose pas une croyance religieuse, un scientifique pourrait très bien y trouver son terrain de jeu. D’ailleurs, une théorie toute nouvelle sur l’idée de projection, d’Univers Hologramme, propose une vision troublante. Mais je ne cherche pas à valider ou à invalider cette idée de source commune. Il s’agit pour moi d’un concept, d’une « intuition » et non d’une démonstration rationnalisée par A + B. J’en serai incapable. Ce que cela implique m’intéresse plus que de démontrer sa véracité. Ce que sous-entend le fait de ne pas être des entités strictement distinctes les uns des autres, dont les seuls ponts seraient la parole, l’intelligence et les cinq sens, me semble nettement plus riche et plus probable… Et certaines recherches scientifiques - qui bougent pas mal en ce moment - prouvent que la vision d’un être vivant déconnecté des autres n’a aucun sens. Il resterait à définir ce qu’est cette source, mais là, le travail devient beaucoup plus ardu, peut-être même impossible. A priori, la tâche n’est pas plus facile que de prouver l’existence d’une vie après la mort. Il pourrait ne s’agir que d’une sorte de réseau de l’ensemble de nos êtres et nous serions alors notre propre source, tout est envisageable ! Ce qui est évident si l’on accepte l’idée d’une source unique est que toute vie à sa raison d’être, sa singularité née de la rencontre de la « source » et du « support ». Rencontre qui est sans renouvelles et remise en question. Un « little bang » de chaque instant ! Même les pires individus font parti de ce corps et nous avons en nous un peu de ce qu’ils sont. Heureusement, nous avons de la même sorte tout ce qu’il y a de meilleur ! A nous de savoir ce qui nous est le plus profitable. Et si certain ont le besoin, peut-être même la faiblesse, de se sentir au dessus des autres pour se sentir bien dans leur « vie », grand bien leur fasse ! Mais je ne peux m’empêcher de trouver cela « absurde » sinon « inutile » - un jugement de valeur sans valeur - tout en comprenant la saveur fugace que cela peu procurer. C’est après tout, une expérience à vivre comme les autres…

 

Savourer ses instants de vie n’implique pas que l’on soit mieux ou moins bien servi qu’un autre. Cela n’a aucun rapport. L’esprit peut être bien plus étendu que cela si on ne le limite pas à de tels « raisonnements ». Qui prétendra que la sagesse ou l’intelligence ne demeure que chez les gens riches, bien nés et bien loties, qui prétendra que le talent se mesure à l’aune du succès ? Tous les rôles sont des rôles capitaux dans cette super production d’universel studio, et tous ont une raison d’être, une « singularité précieuse », n’en déplaise à ceux qui se sentent au-dessus du lot pour une raison ou pour une autre. Chacun développe ces instants de vie selon une « configuration unique » et fait de son expérience une « réponse » ou un « reflet » qui n’a pas son pareil. Vivons donc nos vies, même jonchées des pires difficultés, en les considérant comme précieuses, et en considérant celles des autres comme toutes aussi précieuses. Il en est de même pour tout ce qui existe, je ne comprends vraiment pas comment on peut écraser avec autant de désinvolture le moindre insecte qui est une réponse (un reflet) tout aussi précieuse et complexe que nous le sommes. C’est marquer un manque d’attention pour ce qui nous dépasse et pour nous même. Les histoires zen, apportent quelques lumières sur l’importance de savourer ses instants de vie (de mémoire et raccourci en voici une) : «  un jeune homme qui approchait d’un temple zen découvrit un vieux moine en train de couper du bois en plein soleil. Il fût surprit en apprenant que ce vieux était en fait le maître du temple. Il lui demanda pourquoi il coupait le bois en plein soleil. « C’est maintenant et ici que cela doit être fait », lui répondit le moine. Il lui demanda alors pourquoi il ne faisait pas faire cette tâche difficile par l’un de ses disciples. Le maître lui répondit simplement : « parce que je ne suis pas un autre ! ». Cela illustre bien la façon d’aborder les difficultés et plus généralement, les instants de vie. Une autre histoire qu’un moine zen contemporain avait relevé et que j’ai trouvé très juste et amusante relate un passage d’une série B (si quelqu’un en connaît l’origine, je suis preneur) : « Dans un bar, un cyborg (robot à l’allure humaine) demande un verre de bière au comptoir. Le robot le boit et arbore un large sourire. Un autre consommateur, humain, accoudé au même comptoir, intrigué par la scène – un robot éprouvant du bonheur - lui demande s’il aime la bière. Et là, le cyborg de lui répondre avec un plaisir non dissimulé et visiblement intense “ non, je déteste cela ! ».

 

La finalité de ce raisonnement et tout son intérêt est bien sûr qu’il modifie la perception que l’on a de sa vie et de la vie des autres. En fait, pour ma part, ce n’est pas le raisonnement qui a modifié la perception mais plutôt l’inverse. Cette perception c’est « imposée » et le raisonnement a fait surface comme quelques bulles de champagne remontant naturellement le long du verre. Non, pas du coca, du champagne ; j’écris, je choisis ! Cette analyse peut paraître simpliste et d’une certaine façon, elle l’est. Mais, c’est comme un entrechat, il paraît simple mais vient d’une sensation profonde du déplacement et de l’équilibre propre au danseur qui l’exécute. La sensation implique un regard très particulier sur soi et les autres, et n’a rien de superficiel. Comme toute intuition, elle est très difficile à mettre en mots. Très honnêtement, je n’imagine absolument pas y être arrivé. On tente de poser une idée et nous apparaît toutes celles qui n’y sont pas ou qui se contredisent, ou qui ne sont pas suffisamment précises. C’est un peu comme de combattre l’Hydre, on coupe une tête et deux autres repoussent ! Mais on le fait – pour quelqu’un qui n’écrase pas un insecte, c’est pas mal – Se dessinent alors les silhouettes qui habitent notre caverne cérébrale.

 

Bien des points pourraient être développés. Parfois même des pensées à priori contradictoires. Mais j’arrêterai là mon « expérience d’écriture ». J’ai tenté de mettre mes idées en ordre, ce texte n’est finalement qu’un reflet dans une mare bien trouble, les eaux sont agitées en ce moment ! J’espère que « l’expérience de lecture », pour ceux qui auront eu le courage d’aller au bout, aura été plus facile que de couper du bois en plein soleil (quoi que moi, j’adore ça couper du bois en plein soleil !). 

 

Je vous avais prévenu, c'est trop long !

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commentaires

C
C'est vrai ça! Que le moustique tue le plus au monde! Pas de pitié! (Bon, j'me calme...)<br /> Je voulais juste te dire que je ne peux lire les commentaires qu'en sélectionnant le texte... il doit y avoir un petit problème technique... Sans cela, le texte est presque aussi gris que le fond,<br /> on le devine seulement...<br /> A bientôt!
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L
<br /> <br /> ok, je vais contrôler cela ! merci pour l'info.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
C
J'ai lu! Dans le métro et pendant ma pause au travail, pas au lit avant de dormir car je suis sur un livre... Ce texte amènerait à la discussion, il y a trop de points à discuter. Les insectes que<br /> tu ne tues pas par exemple! Moi, je tue les moustiques qui m'empêchent de dormir et qui vont sucer mon sang, bon sang! Benoît m'a offert un truc pour enfermer les insectes et les relâcher par la<br /> fenêtre, je suis très contente... mais, sans cela...Et si ce moustique fait un peu partie de moi (j'extrapole), que va-t-il m'arriver?(j'extrapole).<br /> Vers la fin de ton texte, j'ai repensé à une citation que j'avais noté dans mon carnet et que j'aimerais partager avec ma fille, avec chaque être humain : extrait de "L'attentat" de Yasmina Khadra<br /> : "Et rapelle-toi de ceci : il n'y a rien, ABSOLUMENT RIEN au-dessus de ta vie... et ta vie n'est pas au-dessus de celle des autres. Je ne l'ai pas oublié."<br /> C'est un peu de cela dont tu parles, non?<br /> Bonne journée...
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L
<br /> <br /> Merci Cécile d'avoir lu ce "long" texte (pour un blog). Je sais qu'il est alambiqué, surtout la dernière partie (l'essentiel du discours quoi)... Concernant ta citation, ce n'est pas directement<br /> de cela dont je parle mais elle en est un écho, une résultante. Merci du partage tout de même. Bon, je ne mettrais personne en prison pour meutre de moustique, rassure toi ! D'autant que le<br /> moustique est celui qui tue le plus au monde... Mais il s'agit plus de prendre conscience que même le moustique est d'une complexité qui nous dépasse, le plus grand des horlogers ne pourrait<br /> imiter un tel mécanisme ! Sans compter en plus, qu'il porte en lui la source même d'une vie, d'une réponse, ce qui est le point nodal de toute réflexion philosophique, non ? bise et bonne journée<br /> à toi aussi <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
C
Oui, c'est trop long : je le copie-colle en word, l'imprime et le lit un soir au coucher ! Je préfère, quand c'est trop long, lire sur papier.<br /> <br /> A plus tard !
Répondre
L
<br /> <br /> t'es courageuse, comme d'hab ! bonne nuit...<br /> <br /> <br /> <br />

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