Se prêter au jeu des fameux haïku, constructions poétiques japonaises, est très plaisant.
Les Haïkus ont la saveur du thé (non aromatisé !). De la même manière, ce n’est pas un goût qui s’impose et qui explose tout sur son passage, comme un bon coca, mais plutôt un parfum léger et subtil qu’il faut savoir recevoir. Les évocations sont alors de l’ordre de la terre, des végétaux et des minéraux ; une gamme de tons qui, si on prend le temps de les apprécier, interpellent tout autant, sinon plus, l’esprit « souterrain » qu’une surface de papilles...
L’haïku me semble de cette qualité. En trois phrases, c’est toute une scène qui doit vivre. Nous devons jouer le jeu et être ouvert aux sensations. L’haïku construit son monde avec nos propres matériaux. Il cherche les liens derrière le conscient et éventuellement, il ouvre une perception nouvelle de ce qui nous entoure. L’appréhension d’un haïku est donc unique propre à chacun. Cette épure se retrouve dans beaucoup des arts japonais. Quelques lignes pour dessiner une scène, un meuble et s’accrocher à tout un univers, le nôtre…
Dans les quelques essais ci-dessous, je ne cherche pas égaler l’art et la maîtrise des maîtres de Haïkus japonais. D’autant, qu’en soit, l’haïku c’est développé avec la syntaxe japonaise. Il s’agit donc de construire une pagode avec les outils, les matériaux et la culture maison… Et pourquoi pas ! Pour le plaisir, tentez de faire de même, vous verrez que l’on se prend vite au jeu. Installer un univers qui tient en 3 phrases et s’adresser aux sens, à la mémoire ou encore à l’imagination. Le rythme de syllabes préconisé est de 5,7,5.
Exemple de Haïku de Basho Matsuo (1644 – 1695) :
Dans le vieil étang
Une grenouille saute
Un ploc dans l'eau!
Il existe un phénomène qui est, me semble-t-il, à relever. Ce dernier a été remarqué scientifiquement grâce aux nouveaux procédés d’observation des activités cérébrales, mais est depuis des millénaires utilisé intuitivement par beaucoup d’enseignements. Le phénomène est le suivant, imaginer un mouvement, un sentiment ou une sensation, active les mêmes zones cérébrales que si vous le viviez réellement. En art martial, par exemple, il est conseillé de visualiser les formes, tels que les kata (moules), car vous apprenez tout autant ! certes, question musculation, c’est moins efficace… Encore que, on vous conseillera, si vous faite de la musculation (comme pour les guérisons), de visualiser votre corps et ce que vous souhaitez travailler (ou aider à guérir).
Pourquoi cet aparté ? Simplement pour mettre en avant le fait qu’une lecture, si l’on est réceptif, a un effet psychique qui est finalement tout aussi physique… Comme de boire du thé !
Et comme dirait Johnny, « les haiku, oh oui, ça fait mal », surtout les miens (désolé J)…
Haïku de L’effetlent
Aujourd’hui bureau
Demain un lit bien chauffé
Jamais comme hier
La prune perchée
Sous mes pieds la racine
La branche s’enfuie
Le pain sous le bras
Attention ! caca au sol !
En chemin faisant
Un oiseau chante
Et en voici quelques vers
Enfin rassasié
En ce beau matin
Je file à mon bureau
L’heure avance
La plage, le ciel
Des pas vite s’efface
Le bruit des vagues
Des toilettes bleues
Le papier rose en main
Un petit effort
Sourire guerrier
Un enfant va applaudir
Et mon chien est mort
Je regarde vert
Aussitôt je vois rouge
Parbleu, que penser
L’odeur du café
Enfant je déjeune
Le temps s’efface
Sous la voiture
Un chat à l’ombre des roues
Le soleil tourne
Un petit défaut
Et le ciel s’illumine
Objet du discours
L’herbe sous la pluie
Le tonnerre m’envahie
Et l’eau parfumée
La mobylette
Dont la course du moteur
Déjà s’est enfuie
Sous l’oiseau posé
le voile des femmes
débat de l’ombre
Perché sur un songe
Je m’accroche aux branches
Et le fruit me retient
Quelques adresses pour voir de vrais Haïku !
http://www.haikunet.org/
http://www.big.or.jp/~loupe/links/fhisto/fbasho.shtml